Parfois, j’écris, rarement en fait.
Des chroniques, des paroles de chanson, des nouvelles, que je tâcherai de compiler ici.
Le besoin (est plus fort que la honte)
Dans l’intestin de Gigapolis,
Dix millions de fourmis éduquées
Et de visages qui jaunissent
Se rassemblent comme à l’accoutumée.
Odeurs de sueur et de pisse,
De parfums bourgeois et de fumée
Les bactéries sentent propice
Le merveilleux moment d’attaquer.
Dix mètres sous terre, les rails rugissent
Les fourmis sont déjà agglutinées
Voilà la chenille qui s’immisce
Par l’orifice prévu à cet effet.
Soixante mille fourmis s’enfouissent
Dans ces entrailles où sont consignées
En rang d’oignon et sans malice
Des colonies d’âmes résignées.
Fuyant tous les regards complices
Qui leur renverraient leur propre reflet
Elles attendent qu’enfin se finisse
Cette journée sans intérêt.
Sûr que demain aura le vice
De leur faire offrir le même attrait
Leur vie est faite d’artifices
Qui leur font croire qu’elles sont comblées.
(le besoin, le besoin, le besoin)
D’autres âmes, elles, se nourrissent
De quelques notes désaccordées (le besoin… honte)
Certaines d’entre elles sont bien novices,
Elles disent : « le besoin est plus fort que la honte » (honte, honte)
Quand elles évitent la police
C’est alors la faim qu’elles doivent tromper
Et trouver un carton bien lisse
Pour s’en faire un p’tit lit douillet.
A l’art hâché
Epoque des grands paradoxes que nous vivons. Un Occident qui sourit à l’initiative, une économie en grande forme, une innovation technologique qui s’accélère, la démocratisation des moyens de production et de l’accès à l’information et pourtant, l’actualité me donne raison, nous ingérons une savante merde. Vache folle, dioxine, Listeria, Lara Fabian ou “Les maîtres du monde’”, même combat: on fait avaler n’importe quoi avec une bonne gorgée de marketing.
Point de procès à un système poussé à son paroxysme, simplement tout comme le boucher, en tant que fondateur d’un label de production musicale, je m’inquiète. Moi aussi, comme l’éleveur de charolaises nourries au foin frais, j’aime mon paddock, et je crois plus à son talent qu’aux colorants et à l’emballage que je vais y ajouter. Aussi, pour prétendre à la confiance des quelques autistes qui croient encore à la sincérité de l’expression artistique, je vais devoir coller sur mes pochettes un autocollant “alternative”, garant de ma production Bio.
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